- ESPAGNE - Actualité (1990-1996)
- ESPAGNE - Actualité (1990-1996) P align=centerRoyaume d’EspagnePolitique intérieureLe 26 mai 1991, les élections locales confirment les tendances de fond de l’électorat depuis 1982: suprématie du Parti socialiste ouvrier espagnol (P.S.O.E.) du Premier ministre Felipe González, qui renforce son emprise sur les municipalités (38,6 p. 100 des voix) malgré la perte de Madrid et de Séville et une lente érosion; maintien du Parti populaire (P.P., centre droit, 25,2 p. 100 des suffrages) et bonne santé des partis nationalistes régionaux.Le 29 mai, explosion d’une voiture piégée devant la garde civile à Vic; 9 personnes sont tuées et 40 blessées. Auteur présumé de l’attentat, un commando de l’organisation séparatiste basque Euskadi ta Askatasuna (E.T.A.), le commando Barcelone, est démantelé; 8 de ses membres sont arrêtés et 2 tués le 31.Le 6 juin 1993, élections législatives anticipées. Le P.S.O.E. remporte 38,68 p. 100 des voix et 159 sièges, contre 34,82 p. 100 des suffrages et 141 élus pour le P.P. de José María Aznar. Le Centre démocratique et social (C.D.S.) de l’ancien Premier ministre Adolfo Suarez n’a aucun élu. Le P.S.O.E., qui ne dispose plus de la majorité absolue, écarte toute possibilité d’accord avec la troisième force politique du pays, la Gauche unie (coalition dirigée par le Parti communiste, 18 élus), et doit donc conclure une alliance de gouvernement avec les partis régionaux comme les nationalistes catalans de Convergence et union (C.I.U., 17 élus) ou le Parti nationaliste basque (5 élus). Le 21, l’explosion de 2 voitures piégées à Madrid tue 7 personnes. Les attentats sont attribués à l’E.T.A., de plus en plus isolée.Le 9 juillet, Felipe González, chargé par le roi Juan Carlos de former le gouvernement, obtient l’investiture du Parlement. Le 13, il présente son gouvernement, dominé par les «rénovateurs» du P.S.O.E. Il s’agit de son premier gouvernement minoritaire, les nationalistes catalans et basques ayant finalement refusé d’y participer, attendant l’annonce du développement des statuts d’autonomie provinciale pour s’engager plus avant dans le soutien au gouvernement.Le 30 avril 1994, le ministre de l’Intérieur, Antoni Asunción, démissionne à la suite de la fuite de Luis Roldan, directeur de la Guardia Civil de 1986 à 1993 et proche du P.S.O.E., qui est notamment accusé de détournement de fonds publics et de fraude fiscale – il sera arrêté en février 1995. Le 4 mai, Mariano Rubio, gouverneur de la Banque d’Espagne de 1984 à 1992, est arrêté et emprisonné pour falsification de documents et fraude fiscale. Le même jour, le ministre de l’Agriculture, Vicente Albero, accusé par la presse de fraude fiscale, démissionne. Le 5, le président du groupe socialiste aux Cortes, Carlos Solchaga, ancien ministre de l’Économie et impliqué à ce titre dans le scandale Rubio, démissionne à son tour. Ces scandales discréditent le gouvernement déjà impliqué dans diverses affaires.Le 23 janvier 1995, le candidat du P.P. à la mairie de Saint-Sébastien, Gregorio Ordonez, est assassiné dans cette ville, probablement par l’E.T.A. Il est le premier homme politique à être victime du terrorisme politique depuis février 1984. Le 19 avril, le président du P.P. et chef de l’opposition, José María Aznar, sera légèrement blessé dans un attentat à la voiture piégée attribué à l’E.T.A., à Madrid.Le 16 février, le juge Baltasar Garzón inculpe et écroue l’ancien secrétaire d’État à la Sécurité, Rafael Vera, qui est accusé d’avoir organisé la lutte clandestine contre l’E.T.A. en créant et en finançant les Groupes antiterroristes de libération (G.A.L.), responsables de l’assassinat d’au moins 27 militants basques, en France, entre décembre 1983 et juillet 1987. L’affaire avait rebondi en décembre 1994, après les révélations de 2 policiers, anciens membres des G.A.L., qui avaient directement mis en cause le gouvernement socialiste. Dans son rapport qu’il remettra en juillet au Tribunal suprême, le juge Garzón désignera le Premier ministre comme «fondateur et dirigeant» des G.A.L.Le 18 mars, à Séville, l’Espagne entière célèbre les noces de la fille aînée du roi, Elena, avec Jaime de Marichalar Saenz de Tejada.Le 28 mai, le P.P. remporte les élections régionales partielles et municipales, sans que le P.S.O.E. ne subisse la déroute annoncée.Le 15 juin, le directeur des services spéciaux militaires démissionne à la suite de la révélation par la presse de la pratique d’écoutes téléphoniques illégales, entre 1984 et 1991, à l’encontre de diverses personnalités, parmi lesquelles le roi Juan Carlos. Le 18, un ancien responsable des services spéciaux, qui serait à l’origine des irrégularités, est arrêté. Le 28, Narcis Serra, numéro deux du gouvernement et ministre de la Défense au moment des faits, démissionne ainsi que Julián García Vargas, titulaire du poste.Le 17 juillet, la coalition nationaliste catalane de Jordi Pujol (C.I.U.) annonce le retrait de son soutien parlementaire systématique au gouvernement. Le P.S.O.E. ne dispose ainsi plus de la majorité aux Cortes. Le 27, Felipe González annonce la convocation d’élections législatives anticipées pour mars 1996.Le 25 octobre, pour la première fois depuis l’arrivée des socialistes au pouvoir, en 1982, les Cortes rejettent le projet de budget.Le 11 décembre, l’explosion d’une voiture piégée au passage d’un véhicule de l’armée, dans la capitale, fait 6 morts; 13 personnes ont été tuées par l’E.T.A. en 1995.Le 6 février 1996, l’ancien avocat et ami personnel du président du gouvernement Felipe González, Fernando Mugica, ancien responsable régional du P.S.O.E., est assassiné à Saint-Sébastien. Le 14, l’ancien président du Tribunal constitutionnel, Francisco Tomas y Valiente, est assassiné à son tour à Madrid. Le 19, à l’appel de la quasi-totalité des formations politiques et syndicales et des organisations sociales et culturelles, près d’1 million de personnes manifestent dans la capitale contre le terrorisme de l’E.T.A. Le 21, Jon Idigoras, dirigeant du mouvement basque Herri Batasuna, la branche politique de l’E.T.A., est arrêté et inculpé de collaboration avec une organisation terroriste.Le 3 mars, le P.P. de José María Aznar remporte les élections législatives anticipées, mais moins largement que prévu. Il obtient 38,85 p. 100 des suffrages et 156 députés sur 350, contre 37,48 p. 100 des voix et 141 élus pour le P.S.O.E., au pouvoir depuis décembre 1982. La Gauche unie obtient 10,58 p. 100 des suffrages et 21 députés, et C.I.U., 4,61 p. 100 des voix et 16 élus. Les autres formations représentées conservent leur nombre de sièges. Le Bloc national galicien fait son entrée aux Cortes avec 2 députés. Le P.P. remporte la majorité absolue au Sénat, avec 132 sièges sur 256.Le 4 mai, José María Aznar est investi par le Congrès des députés au poste de président du gouvernement. Il doit sa majorité parlementaire aux alliances conclues avec C.I.U., le Parti national basque, et la Coalition canarienne. Il prête serment le 5. Le 10, le Conseil des ministres adopte un plan de réduction des dépenses publiques, qui épargne le secteur social, afin de satisfaire aux critères de convergence fixés par le traité de Maastricht en vue de l’adhésion à la monnaie unique.Le 23 novembre, le mécontentement des fonctionnaires, dont les salaires ont été bloqués, culmine lors d’une manifestation qui réunit 150 000 personnes dans la capitale. D’autres mouvements sociaux éclatent en fin d’année, comme celui des mineurs du León.Vie économiqueLa politique d’austérité budgétaire se poursuit en 1990. L’accent est mis sur la discipline des finances publiques. Aux premiers effets de la rigueur s’ajoute une chute brutale des activités du tourisme. Le marasme ne suffit pas à modérer sensiblement l’inflation.En 1991, un difficile exercice d’équilibre entre les contraintes de l’emploi et celles de la stabilisation est tenté par le ministre des Finances.Le 12 mai 1992, les Cortes adoptent le plan de convergence en vue de l’Union économique et monétaire (U.E.M.); celui-ci prévoit d’augmenter la part des investissements dans le P.I.B. et de réduire le déficit du secteur public. Les économies budgétaires se feraient notamment par la suppression des subventions aux entreprises pour la création d’emplois et par une diminution des allocations de chômage. Les syndicats contestent vivement ces dispositions. Une grève générale a lieu le 28. Toutefois, un accord avec le gouvernement sur le service minimal en cas de conflit du travail est conclu le 9 novembre.La peseta est dévaluée de 5 p. 100 le 17 septembre, puis de 6 p. 100 le 2 novembre. Le contrôle des changes est rétabli le 23 septembre. Ces mesures d’ajustement se sont révélées nécessaires malgré le plan de convergence, le programme de rigueur et la hausse des taux d’intérêt. Elles révèlent l’ampleur des déséquilibres engendrés par le «miracle espagnol». Le Premier ministre Felipe González se trouve confronté aux mêmes problèmes qu’en 1982: aggravation du déficit public, accroissement du chômage, pressions extérieures contre la peseta.Le 13 mai 1993, le comité monétaire de la Communauté européenne dévalue la peseta de 8 p. 100, ce qui porte à 19 p. 100 son recul au sein du S.M.E. depuis septembre 1992. Sur les marchés des changes, les opérateurs ont procédé à d’importantes ventes à découvert de la peseta, au vu des signes donnés par l’économie espagnole. Le déficit budgétaire est évalué à 7 p. 100 du P.I.B.Le 15 octobre, un budget de rigueur est voté par le Parlement, grâce au soutien des élus catalans. Ces derniers espéraient obtenir pour la Catalogne une accélération du transfert par le pouvoir central de compétences politiques et fiscales. Ils ont dû se contenter d’un transfert automatique de 15 p. 100, au titre de la décentralisation, des impôts perçus dans la Généralité par Madrid.En 1994, la sortie de crise se caractérise par une forte poussée des exportations, une relance de la consommation et un accroissement de la fréquentation touristique. Les résultats d’ensemble demeurent toutefois modestes. Le déficit de l’État enregistre une baisse, mais le taux d’endettement public s’accroît.Le 27 janvier, après 4 mois de vaines négociations entre syndicats, patronat et gouvernement pour conclure un pacte social à la suite de la réforme de la législation sociale engagée par Felipe González devant les Cortes, une grève générale paralyse le pays.Le 18 février, comme d’autres pays européens à la suite de l’Allemagne, l’Espagne réduit ses taux d’intérêt.Le 19 mai, le Parlement accorde son autonomie à la Banque d’Espagne.En 1995, l’économie espagnole poursuit son redressement. La croissance se maintient et le chômage enregistre une baisse sensible. L’Espagne continue à se situer dans les limites des critères de convergence de l’U.E.M.Le 5 mars, alors que le dollar poursuit sa chute, le Comité monétaire européen décide la dévaluation de 7 p. 100 de la peseta.Le 27 octobre, le gouvernement reconduit, pour 1996, le budget 1995 assorti de divers aménagements, après le rejet du projet de loi de finances par les Cortes.L’année 1996 est dominée par le programme d’austérité défendu par le gouvernement conservateur de José María Aznar en vue de faire participer l’Espagne à la première vague d’adhésion à la monnaie unique, en 1999. Le projet de budget présenté en septembre prévoit de ramener le déficit public à 3 p. 100 du P.I.B. à la fin de 1997 – il se montait à 6,6 p. 100 en 1995 et à 4 p. 100 en 1996. Les dépenses doivent augmenter moins que l’inflation et les recettes se gonfler du produit de diverses taxes indirectes, de la privatisation d’entreprises publiques et des économies réalisées sur les subventions aux entreprises en difficulté. Le salaire des fonctionnaires est gelé. La croissance se maintient en 1996, mais le taux de chômage reste très élevé.Relations internationalesEn avril 1990, un commando français de l’E.T.A. est démantelé lors d’une opération conjointe des polices française et espagnole.Du 26 au 29 octobre, visite de Mikhaïl Gorbatchev. Le président soviétique obtient 1,5 milliard de dollars de crédit pour acheter à l’Espagne des produits de première nécessité.Les 18 et 19 juillet 1991, premier sommet ibéro-américain à Guadalajara, au Mexique. Cette réunion, à laquelle les États-Unis ne sont pas invités, vise à promouvoir les relations entre les anciennes colonies espagnoles et portugaises et leurs anciennes métropoles. Une vingtaine de chefs d’État d’Amérique latine, le roi Juan Carlos et le président portugais y assistent. Le sommet aboutit à la création d’un organisme permanent de liaison.En janvier 1992, visite du Premier ministre chinois Li Peng à Madrid.Le 7 février, signature du traité de Maastricht: les ministres des Affaires étrangères et des Finances des Douze signent le traité conclu le 10 décembre 1991, qui institue l’Union européenne. Le texte doit ensuite être ratifié par les États signataires.Le 20 avril, le roi Juan Carlos inaugure l’Exposition universelle de Séville. Expo’92 est organisée à l’occasion du cinq centième anniversaire de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb. Le site accueille 111 pays. Les investissements réalisés pour la circonstance dans la capitale andalouse doivent contribuer à désenclaver cette région, la plus pauvre d’Espagne.Les 23 et 24 juillet, réunion du deuxième sommet ibéro-américain à Madrid; 19 chefs d’État ou de gouvernement y participent. Fidel Castro, qui effectue à cette occasion son premier voyage officiel en Europe occidentale, y tient la vedette. Selon la déclaration finale, «la démocratie représentative ainsi que le respect des droits humains et des libertés fondamentales sont les piliers de la communauté». Le texte vise Cuba, mais aussi le Pérou.Les jeux Olympiques d’été de Barcelone ont lieu du 25 juillet au 9 août. Les 2 semaines de compétition réunissent 10 600 athlètes représentant 172 pays. Ce sont les premiers jeux Olympiques depuis 1972 à se dérouler sans boycottage politique.Le 7 octobre 1993, à Paris, à l’invitation du président de l’Assemblée nationale Philippe Séguin, le roi Juan Carlos prononce devant les députés français un discours axé sur le rôle de l’Europe dans le monde. Il est le premier chef d’État étranger à s’exprimer devant l’Assemblée nationale depuis le président américain Thmas Woodrow Wilson en 1919.Le 12 juin 1994, le P.P. remporte les élections européennes, avec 40,6 p. 100 des suffrages et 28 députés sur 64. Le P.S.O.E. n’obtient que 31,1 p. 100 des voix et 22 élus. Avec 13,6 p. 100 des suffrages et 9 sièges, la Gauche unie progresse. Les nationalistes catalans obtiennent 4,7 p. 100 des voix et 3 députés. La Coalition nationaliste recueille 2,8 p. 100 des voix et a 2 sièges. Le C.D.S. n’est plus représenté à Strasbourg.En juillet, de violents incidents opposent pêcheurs de thon espagnols et français au large de la Galice. Ils illustrent la guerre commerciale que se livrent les 2 pays, où le secteur de la pêche est également développé.En mars 1995, un conflit oppose cette fois pêcheurs européens, et notamment espagnols, et pêcheurs canadiens au large de Terre-Neuve. Un accord sur les quotas est signé le 15 avril.Le 1er juillet, l’Espagne prend pour 6 mois la présidence de l’Union européenne (U.E.).Les 27 et 28 novembre, une réunion sur les relations euroméditerranéennes rassemble, à Barcelone, les représentants de l’U.E. et de 11 pays méditerranéens, plus ceux de l’Autorité palestinienne et de la Mauritanie. Les Quinze s’engagent à rééquilibrer leurs relations vers le Sud dans le cadre d’un «partenariat global». Les participants prévoient de créer une zone de libre-échange euroméditerranéenne à l’horizon de 2010.
Encyclopédie Universelle. 2012.